Le président al-Assad affirme à la télévision tchèque que la date de la participation russe à la lutte antiterroriste en Syrie est la plus importante dans l’histoire de la crise

Damas / Le président Bachar al-Assad a affirmé que la date de la participation russe à la lutte antiterroriste en Syrie et de l’annonce de la création d’un Front antiterroriste est la plus importante dans l’histoire de la crise en Syrie. « C’est l’événement pratique le plus important contre le terrorisme, tandis que ce qui s’était passé à Paris après les attentats terroristes avait pour objectif, au niveau politique, d’apaiser les sentiments des Français, mais il n’était pas une riposte sérieuse», a-t-il fait savoir, précisant que les Russes prennent au sérieux la lutte antiterroriste.

Dans une interview accordée à la Télévision tchèque, le président al-Assad a précisé que la Russie appuie le gouvernement syrien parce que ce dernier soutient le droit international et la stabilité dans la région et le monde entier, tandis que les Etats-Unis œuvrent toujours pour dominer le monde. « La guerre est entre le gouvernement soutenu par la majorité du peuple syrien et des mercenaires soutenus par des parties étrangères», a-t-il précisé.

Le président al-Assad a souligné le besoin d’une coopération à l’intérieur du pays pour la lutte contre le terrorisme.

Il a indiqué qu’il n’est pas possible de combattre le terrorisme alors qu’un appui direct est apporté aux terroristes. « On ne peut pas être le voleur et le policier en même temps. II faut choisir la partie à se tenir à ses côtés », a ajouté le président al-Assad.

Le président al-Assad a accusé Erdogan de dresser des obstacles devant tout succès, vu qu’il a perdu son calme devant l’intervention russe qui a changé l’équilibre des forces sur le terrain.

« Si vous voulez combattre et vaincre les réseaux terroristes, vous devez bloquer tous les approvisionnements en armes et fonds accordés aux terroristes et arrêter leur afflux en Syrie via la Turquie et avec l’appui des Saoudiens et des Qataris. C’est le premier pas à prendre parallèlement avec la lutte contre ces réseaux », a-t-il ajouté.

A une question sur la présence de groupes d’opposition armés en Syrie, le président al-Assad a indiqué qu’on ne peut pas parler d’une opposition, au sens politique, alors que celle-ci porte l’arme. « Quand on parle d’insurgés ou de combattants qui portent les fusils et d’autres armes pour attaquer le peuple ou l’armée syrienne et détruire les biens publics et privés, c’est un terrorisme qui n’a pas d’autre sens », a martelé le président al-Assad qui a affirmé qu’il n’accepte pas l’expression d’opposition combattante, l’opposition militaire ou “l’opposition modérée” qui porte l’arme.

« L’opposition est un mouvement politique national et non pas une opposition qui a été formée en France, au Qatar, en Arabie Saoudite, aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. L’opposition est celle formée en Syrie où il n’existe pas d’opposition syrienne réelle », a indiqué le président al-Assad qui a précisé que le fait de vaincre le terrorisme abolit tout obstacle devant le processus politique.

Le président al-Assad a fait allusion aux opérations de réconciliation avec les personnes qui se rendent avec leurs armes aux services compétents. « Mais en parlant de Daech, du Front Nosra et d’autres réseaux affiliés à Al-Qaïda, on trouve que ces parties ne sont pas prêtes à déposer les armes et négocier avec le gouvernement. Leur idéologie est contre le gouvernement et contre l’Etat tout entier… Ils ne reconnaissent ni les frontières ni les autres qui ne les ressemblent. Donc, il est impossible de parvenir à une réconciliation avec ces parties ».

A une question sur la migration de milliers de Syriens vers l’Europe, le président al-Assad s’est déclaré très triste devant cette question, précisant que toute personne syrienne constitue une ressource humaine, mais en fin de compte on doit traiter avec les raisons, à savoir les attaques directes, menées par les terroristes contre les Syriens ou contre les infrastructures, et l’embargo européen imposé au peuple syrien.

Le président al-Assad a, en outre, affirmé que la laïcité est la chose la plus précieuse qu’il essaie de protéger. « La Syrie est un melting-pot de groupes ethniques et confessionnels », a-t-il affirmé, précisant que la laïcité en Syrie est tout à fait différente de ce que comprend l’Occident ou la France, c’est la liberté des religions, des confessions et des ethnies .

Abordant les relations entre la Syrie et la République Tchèque, le président al-Assad a indiqué qu’on n’avait pas de bonnes relations avec la République Tchèque avant la crise, mais qu’il existait certains différends, contrairement aux relations de la Syrie avec la plupart des pays européens qui étaient meilleures. « Pendant la crise, alors que certains pays européens avaient mené une campagne tendancieuse contre la Syrie, la République Tchèque a maintenu son équilibre, cela ne signifie pas que la République Tchèque soutient le gouvernement ou le président syrien, mais elle joue un rôle normal que tout pays doit jouer à travers le maintien des relations même avec les adversaires, ce qui a suscité le grand respect de la Syrie envers la République Tchèque », a précisé le président al-Assad .

Répondant à une question sur les possibilités de voir un accord de paix signé à Prague, comme l’avait suggéré en septembre à New York le président tchèque, Miloš Zeman, le président al-Assad a répondu :”Normalement, si vous posez la question aux Syriens, ils vous diront qu’ils ne veulent pas de conférence de paix par exemple en France, car la France soutient le terrorisme et la guerre et non pas la paix et comme vous mentionnez Prague, ce serait généralement accepté, en raison de la position équilibrée de votre pays”, a ajouté le président al-Assad.

A la question de savoir s’il imaginerait être en dehors du bureau présidentiel ou peut-être en dehors de la Syrie, le président al-Assad a affirmé qu’il ne pense pas un jour au poste, mais la question dépend de ce que veulent les Syriens. « En cas de guerre, il faut accomplir votre devoir de protéger votre pays, sinon vous seriez un traître, ce qui est inacceptable ni pour moi ni pour les Syriens qui ont seul le droit de décider de leur représentant. Je serai heureux de les représenter, mais s’ils ne veulent pas ma présence, je serai également heureux de me mettre à l’écart de la présidentielle, ça ne me pose aucun problème », a affirmé le président al-Assad.

A une question, qualifiée par le journaliste tchèque de «la plus difficile », sur le temps où la paix serait réinstaurée en Syrie, le président al-Assad a répondu : « Quand la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite, le Qatar et d’autres pays cessent de soutenir les terroristes, à ce moment-là la situation changera le lendemain et la paix globale serait rétablie en Syrie. C’est sûr », a-t-il affirmé.

Le président al-Assad a enfin exprimé son optimisme quant à la réalisation de la victoire par la Syrie. « Si nous, en tant que Syriens, nous ne disposions pas d’espoir, nous ne mènerons pas cette guerre», a-t-il conclu.

R.B./ A. Chatta

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